Hier soir, passé une heure en ligne avec un étudiant inscrit en RAC qui devait me démontrer ses compétences en gestion des infrastructures TI.
Candidat avec une quinzaine
d'années d'expérience, débrouillard et intéressé. Le représentant parfait
de ce que devrait être - dans l'absolu - un candidat en reconnaissance des
acquis, quelqu'un qui a des acquis. Bref, en un peu plus
d'une heure à le regarder travailler dans son environnement, à L'écouter
expliquer ce qu'il avait fait et en l'interrogeant sur des points précis, j'ai
été en mesure de lui reconnaître neuf des onze compétences du programme !
Les deux compétences qui vont
lui rester sont relativement simples: l'étudiant doit démontrer qu'il peut
administrer un serveur Linux et rédiger une politique de sécurité.
À la suite de la rencontre, il
me semble évident que l'étudiant est capable de faire les deux éléments mais
rien, lors de la rencontre ne pouvait le prouver. Bref deux travaux
relativement simples à compléter, une entrevue rétrospective et mon étudiant
aura sauvé un an de formation !
Au-delà de mes interrogations
sur la RAC et les paradigmes en éducation de mon billet précédent j'ai encore
une fois été en mesure de vérifier que, concrètement, la reconnaissance des
acquis apporte quelque chose à des gens qui ont eu un parcours atypique et qui
ont été en mesure d'apprendre en dehors des cadres scolaires
traditionnels. Ça remonte le moral.
Reste l'autre problème, qui
m'obsède depuis des années. Que faire avec les étudiants qui n'ont que
des acquis partiels, à qui il manque des éléments, souvent essentiels, pour se
faire reconnaître leur formation ?
Dans le meilleur des cas, je
peux proposer un travail, proche des situations réelles qu'ils pourront
rencontrer sur le marché du travail, et leur demander de le compléter.
Encore une fois, les plus
expérimentés (ou les plus débrouillards ?) vont arriver à compléter le travail
et, en entrevue, démontrer la maîtrise de la compétence à reconnaître.
Mais les autres ? Ceux
qui ont des besoins plus larges, pour qui la formation manquante est plus
complexe ? Comment arriver à la leur donner ? En théorie un
processus RAC se veut personnalisé. La formation manquante se veut
adaptée aux besoins de chaque individu, contrairement à une formation
traditionnelle, qui précède l'arrivée sur le marché du travail, et qui se veut
standard pour tous puisqu’on vise un niveau minimal commun au moment de débuter
une carrière. Ici, on veut plutôt compléter ce qui manque pour atteindre
ce niveau minimal. Y a-t-il moyen de permettre
un tel apprentissage ? J’ai longtemps pensé que les technologies, dans
une approche de formations modulaires disponibles à grande échelle, étaient la
piste à suivre.
Doit-on, au contraire, penser à
une approche très classique, quelque chose qui se rapprocherait de la relation
entre un apprenti et son guide ? Et si
oui, comment la mettre concrètement en place ?
À méditer.